La Phagothérapie et les ostéites

Docteur Dublanchet, “La phagothérapie, des virus pour combattre les infections” p154 et 155

Le docteur Dublanchet a notamment travaillé sur le traitement des ostéites par phagothérapie. Il relate les études et analyses en cours sur la phagothérapie et mentionne quelques traitements compassionnels réalisés avec succès.

Nous vous invitons à lire son livre très précis. Les Géorgiens pratiquent cela quotidiennement, et lors d’Infections ostéo-articulaires, comme stipulé par le Docteur Dublanchet, combinent systématiquement et dans la mesure du possible, antibiothérapie et phagothérapie avec un taux de réussite très élevé.
Les paragraphes suivants sont des extraits de son livre concernant les traitements des ostéites par phagothérapie.

TRAITEMENT DES OSTEITES PAR PHAGOTHERAPIE

Ces types d’infection constituent un problème en constante augmentation et seraient une indication privilégiée de la phagothérapie. La première étude économico-épidémiologique d’importance a évalué qu’en France, en 2008, 28 453 patients étaient atteints d’une IOA, ce qui avait entraîné un coût direct de 259 millions d’Euros. Les échecs thérapeutiques (absence de réponse des traitements conventionnels bien conduits) ne sont pas rares et extrêmement coûteux pour la société.

De plus, du fait d’une invalidité très prolongée, source de problèmes socio-économiques majeurs, des surcoûts importants ne sont pas compatbilisés. L’utilisation de la Phagothérapie pourrait trouver une justification supplémentaire dans le fait que certains bactériophages sont inhibiteurs des biofilms. Or il a été montré que les biofilms sont des facteurs répresseurs des ostéoblastes (Définition de l’ostéoblaste-Source wikipedia : L’ostéoblaste correspond à la forme jeune de la cellule osseuse. Les ostéoblastes ont une origine mésenchymateuse, ils proviennent des cellules souches), qui sont les cellules qui participent à l’ostéosynthèse (technique chirurgicale de réparation des fractures).

Chances de guérison d'une infection ostéo articulaire par phagothérapie

En l’absence de matériel, sans être facile à traiter, l’IOA est probablement celle qui a le plus de chance de guérison sous traitement adapté. Toutefois, il faut prendre en compte deux facteurs majeurs que sont : la mauvaise diffusion des antibiotiques dans l’os et le fréquence importante des résistances aux antibiotiques (67%, 16% et 16% respectivement pour les staphylocoques, les bactéries Gram négatif et les streptocoques.

S. aureus (staphylocoque doré) représente la bactérie la plus souvent impliquée dans les infections prolongées. L’installation d’un biofilm par les souches bactériennes semblerait contrariée par certains bactériophages. Plus encore, il a été montré dans une étude expérimentale in vivo que la combinaison débridement et bactériophages serait un atout supplémentaire pour une évolution favorable surtout en association avec un antibiotique comme la gentamicine. Enfin, l’utilisation d’une souche fluorescente de S.aureus qui vient d’être publiée sera un outil très utile pour ce type d’étude dans des modèles animaux

La phagothérapie sur les prothèses articulaires

Les prothèses articulaires (hanche, genou) qui,avec le vieillissement des populations, seront de plus en plus fréquentes, s’infectent dans environ 2,5% des cas, majoritairement avec S.aureus résistant à la méticilline (SARM). Les antibiotiques diffusent mal dans le tissu osseux et comme il s’agit généralement d’infections subaigües ou chroniques, la constitution d’un biofilm sur le matériel rend l’action des antibiotiques encore plus improbable. Le traitement d’une ostéite (ou IOA) avec matériel est lourd, prolongé et nécessite, au moins temporairement, la dépose des prothèses avant traitement.

L’utilisation de bactériophages ayant une activité lytique sur la bactérie et capables d’empêcher, voire d’attaquer le biofilm, pourrait permettre d’éviter cet inconvénient. Nous avons fait ce pari, à titre compassionnel dans quelques cas avec succès. Des études semblent apporter la confirmation que cela n’est probablement pas utopique… Une étude nous apparaît comme particulièrement démonstrative …Il s’agit d’un modèle d’infection osseuse chez le rat pour deux types d’infection SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) et Pseudomonas aeruginosa … Une analyse très complète a conclu que la phagothérapie adaptée associée à un traitement antibiotique approprié permettait de dissoudre le biofilm pour les deux espèces bactériennes avec un effet plus prononcé sur le modèle avec Staphylococcus aureus que sur celui avec Pseudomonas Aeruginosa.

Quelles sont les conditions de réussite d'un traitement par phagothérapie

Dans le cas des ostéites (ou infections ostéo-articulaires), plusieurs paramètres ont une importance sur Le résultat de la phagothérapie:

-L’accès au site infecté (fistule, plaie, … qui aident au passage des phages)
-La vascularisation qui aide à bien drainer le sang et donc le système immunitaire sur le site infecté (notamment au niveau des jambes)
-Le diabète qui peut être un facteur ralentissant l’efficacité du traitement
-Le système immunitaire du patient,
-ET SURTOUT LA BACTERIE repsponsable de l’infection.
Dans une très grande majorité des cas, il s’agit de bactéries facilement traitables par phagothérapie : staphylococcus aureus (staphylocoque doré), pseudomonas, staphylococcus epidermidis (staphylocoque blanc). Mais il peut s’agir d’autres bactéries pour lesquelles il n’y aurait pas encore de phages trouvés ou pour lesquelles la phagothérapie ne fonctionne pas (bactéries intracellulaires notamment).

Il est possible de vérifier les bactéries traitables par phagothérapie en consultant la page “Que soigne la phagothérapie?“ .

Pour comprendre le traitement d’un staphylocoque doré : consulter la page “Comment traiter un staphylocoque doré“